Antick — l'espace des objets disparus ou en voie de l'être
Cahiers scolaires
1912 — 1929
par Jean-Claude Raymond
Table des matières
Les cahiers scolaires sont aujourd'hui des cahiers banalisés où seule compte la marque du fabricant ou bien je ne sais quelle publicité. Au début du 20e siècle, le cahier était beaucoup plus personnalisé. Les établissements scolaires proposaient des cahiers avec leur propre nom. Probablement plus tard sont apparus des thèmes.
On peut penser
que les petits villages ne possédaient pas
de papetier encore moins de libraire. Ainsi la fourniture par
l'école rendait des services. Cette fourniture était-elle
gratuite ? Le cahier ci-dessous a été utilisé
en 1922.
Couverture
Dos
Après l'école primaire, le collège de Loudun avait aussi ses propres cahiers. On remarquera que sur les trois modèles différents qu'un seulement porte les tables de multiplication au dos. Faut-il supposer qu'elles étaient considérées comme sues ? L'impression des tables est totalement identique à celle du cahier de l'école publique de Ceaux-en-Loudun. L'imprimeur était-il le même ? Il n'est pas mentionné. Le cahier a été utilisé en 1925.
Les essais de signature de couleur bleue sont probablement postérieures à l'usage du cahier. En effet, celui-ci, non terminé, a été utilisé comme cahier de brouillon. On y trouve des exercices d'allemand, de géométrie, des décompositons des nombres en nombres premiers, des narrations, des explications de scènes du Cid de Corneille.
Curieusement la dénomination du collège varie. De Collège de Loudun inscrit sur le premier exemple présenté, on passe à Collège universitaire de Loudun. Le troisième exemple porte la mention Collège de garçons, Loudun. Cela correspond-il à des évolutions du statut ou à la fantaisie de celui qui passait les commandes ou à celle de l'imprimeur ?
Sur la couverture, en bas à droite de
la gravure qui représente une femme tenant d'une main le fusil échappé
par le soldat, de l'autre soutenant l'homme qui défaille, une citation.
Gloire à notre France éternelle
Gloire à ceux qui sont morts pour Elle.Victor Hugo
Cette couverture est utilisée pour instruire. Elle est donc
une transition vers les cahiers à thème
présentés ci-dessous.
D'après les quelques exemplaires que nous connaissons, nous pensons qu'il existait des séries et pour chacune d'elles une gamme d'illustrations. Ces illustrations sont collées dans un cadre prévu à cet effet. Les séries pour lesquelles nous avons des exemples sont les suivantes :
L'ordre de la liste ci-dessus correspond au parcours scolaire du même élève de la Seconde jusqu'à la Philo, donc chronologique croissante. Les deux premiers cahiers correspondent à la Seconde et ont des illustrations monochromes. Les deux cahiers suivants correspondent à la Première, puis la Philo et présentent des illustrations coloriées.
La description de chacun des cahiers est donnée ci-dessous.
Illustration en N&B de Toul — Cloître Saint-Gengoult.
Ce cahier est le
seul des cahiers à thème à ne pas porter la marque
de l'imprimeur H. Adam Poitiers. Par contre la photographie
est signée Magasins Réunis. Est-ce le début de la publicité sur les cahiers scolaires ? Le dos est vierge.
Note
L'illustration porte la
mention Raymond Philo A, mais le cahier a bien été
utilisé en classe
de Seconde, année scolaire 1926-1927. Seules des feuilles de la
classe de Seconde sont restées les autres ont été
arrachées.
La mention : Le Poitou fait penser qu'il existait des illustrations pour les autres régions. La couverture comporte une illustration monochrome verte et une indication la concernant : Niort — Vue générale — La Sèvre, L'Église Saint-André, Le Donjon. L'imprimeur est H. Adam Poitiers.
Le dos du cahier donne le tableau des départements français avec les préfectures (en petites majuscules), les sous-préfectures et les villes importantes (en italiques).
La mention Le Maroc fait penser qu'il existait des illustrations pour les autres colonies françaises. La couverture comporte une illustration en couleur et une indication la concernant : Tanger, — Une rue dans la ville indigène. L'imprimeur est H. Adam Poitiers.
Texte imprimé au dos du cahier.
L'Afrique française
La France avait perdu sous Louis XV son empire colonial (Inde et Canada) mais la prise d'Alger en 1830 sousCharlesX lui a permis d'en reconstituer un en Afrique. Elle nous a donné l'audace de nous installer sur le Niger et le Congo, d'envelopper des terres non françaises -pour souder au Lac Tchad à travers le Sahara un immense domaine grand comme la moitié de l'Europe. Cette épopée coloniale comprend : sous Napoléon III la conquête de l'Algérie contre Abd-el-Kader ; sous la République, l'occupation de la Tunisie, l'intervention au Maroc, l'extension du Sénégal au Soudan et au Dahomey, les annexions congolaises de Savorgnan de Brazza et la conquête de l'Ouadaï et du Cameroun.
Malheureusement le désert sépare ces acquisitions en deux grandes divisions géographiques : l° la région de l'Atlas ; 2° l'Afrique des Noirs.
1° Les deux chaînes de montagnes Atlas Tellien et Atlas Saharien qui s'étendent parallèlement sur Sa Tunisie, l'Algérie et le Maroc les tranchent en trois zones : le Tell, !e Sahara et entre les deux, les hauts plateaux. Tiède et bien arrosé par la proximité de la mer, le Tell est riche en primeurs, orangers, oliviers, vignes et céréales ; c'est la zone par excellence de la colonisation (vallées du Chélif et de la Medjerda, plaine de. la Metidja). La steppe des hauts plateaux convient à l'élevage des moutons ; il exporte aussi des phosphates et l'Alfa pour la fabrication du papier et des cordages. Le Sahara sans pluies 'n'a que quelques ouadi, filets d'eau intermittents qui s'évaporent dans des dépressions salées ou chotts. Le sable fauve du grand désert est moucheté ça et là d'oasis verdoyantes que surplombent les palmiers dattiers. La population indigène de l'Atlas est d'environ quinze millions de musulmans au teint bronzé (berbères sédentaires race primitive et arabes nomades qui ont conquis les premiers à leur langue et à leur religion. Depuis l'occupation.française, 800.000 européens sont venus en Algérie, dont 330.000 d'origine Française, 300.000 d'origine Espagnole et 80.000 d'origine Italienne. Aussi l'Algérie est considérée comme une prolongation de la France en Afrique et .divisée en trois départements dont les chefs-lieux sont : Alger (200.000 h.), Oran.(l25-000 h., moitié espagnols) et Constantine. On cite encore Blida. le pays des oranges, les ports de Bône, Bougie et Philippeville, et dans l'oasis, Biskra. La Tunisie a reçu depuis le protectorat 150.000 européens, dont 90.000 italiens et 60.000 français. Les grandes villes sont Tunis, la capitale (200.000 h), Sfax, Bizerte, puissant port, de guerre Le Maroc attire les Français dans la vallée du Sebon et les terres noires de l'Ouest (Casablanca, Rabat, Fez).
2° L'Afrique française en pays noir comprend la Mauritanie, le Sénégal, chef-lieu Saint-Louis sur le Sénégal, la Guinée, chef-lieu Conakry, la Côte-d'Ivoire et le Dahomey. Ces Colonies entourent des possessions étrangères et se réunissent, dans le territoire du Niger, vers Tombouctou pour former l'Afrique occidentale française dont Dakar est la capitale.
L'Afrique occidentale communique vers Zinder avec le territoire du Tchad qui lui-même communique par les rivières Chari et Oubanghi avec le Congo Français, capitale Brazzaville. La forêt équatoriale couvre la côte Guinéenne et la région Congolaise d'où l'on tire l'ivoire et le caoutchouc. En remontant vers le Nord, la forêt s'éclaircit. Ce sont alors les riches cultures soudaniennes : gomme, huile de palme, arachides, plantations de mil et de coton avec des pâturages. Près du lac Tchad et la boucle du Niger, la steppe disparaît à son tour devant le désert. La population totale est d'environ 25 millions de noirs fétichistes quelque peu convertisés, mélangés sur les côtes aux Européens et davantage aux Musulmans qui, implantés dans le Sahara avaient depuis longtemps fondé au Soudan de puissants sultanats.
La terre africaine a coûté à la France de nombreux soldats ou explorateurs et de grands sacrifices mais sans elle nous n'aurions plus aucun avenir mondial, car seule de nos possessions, elle peut nous donner à la fois par sa proximité un surcroît, de forces et un débouché considérable.
L'Afrique française dont le commerce extérieur atteint 4 milliards dont la moitié pour l'Algérie; attend un plus grand nombre de nos colons et un chemin de fer transaharien pour former un bloc homogène et devenir une des grandes puissances du globe.
La mention L'Italie fait penser qu'il existait des illustrations pour d'autres pays. La couverture comporte une illustration en couleur
et une indication la concernant :
Venise, — Le pont du Riallo.
La ville est bâtie sur des lagunes. Les rues sont remplacées par des canaux qui franchissent des ponts souvent en marbre. Elle a conservé beaucoup de palais, témoins de la fortune et de la puissance que fut autrefois la République Vénitienne.
L'imprimeur est H. Adam Poitiers.
Texte imprimé au dos du cahier.
L'Italie
D'une superficie d'environ 300.000 km2., soit la moitié de la France, l'Italie a une forme très allongée en latitude qui détermine trois réglons bien distinctes :
1° Au Nord, abritée par le grand rempart des Alpes, la plaine riche en céréales qu'arrosent le Po et ses nombreux affluents, c'est également une région d'industries actives en soierie et pâtes alimentaires.
2° Au centre une partie péninsulaire dont l'ossature est formée par les Apennins ; c'est la région de la vigne et de l'olivier.
3° l'Italie insulaire comprend la Sardaigne peu peuplée, et la Sicile volcanique mais dont le chaud climat et le sol fertile convient au coton; et à la canne à sucre, aux orangers, dattiers et bananiers.
La population de l'Italie est de 42 millions d'habitants, chiffre considérable pour la superficie du pays, aussi les Italiens émigrent-ils en grand nombre vers les États-Unis, l'Argentine, le Brésil, la France et la Tunisie.
Les grandes villes sont, Rome (800.000 habitants) riche en souvenirs de l'antiquité ; elle est encore la capitale du catholicisme et celle de l'Italie contemporaine ; Naples (900.000 habitants) au pied du Vésuve, Milan (950.000 habitants) Turin (600.00 habitants) Bologne (250.000 habitants) villes industrielles ; Palerme (450.000 habitants), Gênes (600.000 habitants), Catane (260.000 habitants) ; ports de commerce ; Florerce (300.00 habitants) et Venise (225.000 habitants) célèbres par leurs richesses artistiques,
La douceur du climat de l'Italie et la beauté de ses monuments en font un des pays les plus visités de l'Europe.
L'Italie s'est souvenue de l'aide que lui avait prêtée la France pour la délivrer du joug autrichien, et pendant la grande guerre elle s'est rangée aux cotés de l'entente annexant le Trentin et Trieste (275.000 habitants).
La Tripolitaine toute voisine est en Afrique la principale colonie italienne avec un million d'habitants.
Reproduction Interdite
Ce
cahier a été utilisé en 1912. Il est donc plus anciens que ceux
précédemment montrés. La page de garde est imprimée. Elle comporte 2
lignes prévues pour que l'élève puisse mettre son nom. Les pages autres
que la première et la dernière comportent des lignes horizontales
bleuâtre et une ligne rouge verticale matérialisant la marge. La
tranche est du même rouge que la ligne de la marge. Il est composé d'un
seul feuillet de 68 pages agrafées. Le papier est assez jaune comme le
montre les reproductions. Il a été fabriqué par la Manufacture générale
des papiers d'Angoulême. Le dos supporte une publicité pour une marque
de plumes.
Il
n'a pas été utilisé par un écolier et a probablement été acheté chez un
papetier contrairement à ceux sur lesquels est inscrit le nom de
l'établissement.
Le dos comporte :
- une table de soustraction,
- réglette graduée,
- des maximes sociales,
- des réflexions et maximes,
- une publicité pour une marque de plumes Tongimed (voir notre article sur les plumes),
- une autre pour des protèges-cahiers, cahiers à dessin, croquis et esquisses, cahiers extra-forts, des boîtes de pages papier copies de même marque.
Maximes sociales (à droite)
Tolérance. — Les injures sont les raisons de ceux qui ont tort. (E. Quinet)
C'est assez d'être hommes pour se sentir unis et fraternels.
Le plus beau spectacle de la terre, c'est la conscience de l'homme de bien.
Réflexions et Maximes
La noblesse n'existe que dans les actions, ne soyons pas utopistes, et nous en conviendrons.
Le devoir dans l'adversité, rend fier de soi.
Le cahier en question fut utilisé en 1912, la Grande Guerre éclata deux ans plus tard. À quoi a servi la maxime sociale n° 2 ? Il faut bien plus que des maximes à la dernière page d'un cahier !
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Antick — l'espace des objets disparus ou en voie de l'être vous remercie de votre visite
Dernière modification : 2008-08-22 - 06:41:14
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