Antick — l'espace des objets disparus ou en voie de l'être
Le Coucher
Bouillotte, brique et bassinoire
par Jean-Claude Raymond
Table des matières
Au sortir de la seconde guerre mondiale, il y avait encore peu de maisons équipées du chauffage-central. Autant dire que les chambres à coucher indépendantes étaient rarement chauffées. Curieusement, les personnes mal logées qui n'avaient qu'une seule pièce dormaient dans une pièce chauffée. Je n'ai profité d'une chambre chauffée que vers les années 1955-56, quand mes parents ont fait installer le chauffage-central, deux ans après la construction de la maison.
En hiver, on avait l'habitude de réchauffer les lits avant de s'y coucher. J'ai vu chez moi, l'utilisation de la bouillotte en grès puis en cahoutchouc et de la brique. Je n'ai pas connu la bassinoire. Le chauffage central a marqué la fin des bouillottes et des briques
Aller se coucher était une sorte de cérémonial.
Nous disposions nos pyjamas sur le dossier de chaises que nous approchions de la cuisinière ou du poêle de la salle de séjour pendant que ma mère préparait les bouillottes ou les briques. Celles-ci prêtes nous montions dans nos chambres qui se trouvaient au premier étage et les placions dans le lit à l'endroit présumé que viendraient prendre nos corps. Nous redescendions ensuite dans la salle chauffée. Nous nous déshabillions, enfilions nos pyjamas tiédis. Nous remontions alors dans nos chambres et nous nous glissions dans les lits réchauffés non sans entraîner avec nos pieds, qui la bouillotte, qui la brique vers le pied du lit resté glacial.
J'ai vu, encore assez souvent, les vitres de nos chambres recouvertes de plusieurs millimètres de glace pendant plusieurs jours. Alors, avant que nous montions, mon père faisait une flambée.
L'hiver, avant le coucher ma mère remplissait, avec de l'eau tirée du réservoir intégré à la cuisinière à charbon, nos bouillottes.
On remarquera le système de fermeture tout-à-fait semblable à celui des bouteilles de limonade de l'époque.
Jean-Claude Raymond
Il y avait à la maison quand j'étais jeune. Contrairement à la bouillotte en grès dont nous nous servions chez mes grands-parents et qui était alors déjà considérée comme un objet ancien, le cahoutchouc résiste mieux aux chocs que le grès qui ne se détériore pas dans le temps.
Nous recherchons toute information (particulièrement des photographies) sur les bouillottes en cahoutchouc. Contactez-nous.
Préparation
Préparation
Un autre moyen de réchauffer le lit était la brique. C'était un objet pas onéreux et peu fragile. Il s'agissait d'un parallélépipède rectangle de terre cuite servant à la fabrication des murs des maisons dans les années trente. On la mettait à chauffer dans le four de la cuisinière en sortant du lit le matin et on la reprenait le soir, bien brûlante. Elle était tellement chaude qu'il fallait la prendre dans un torchon pour la sortir du four. On l'enveloppait dans un premier chiffon qui à force de subir la chaleur directe de la brique prenait une couleur roussâtre. Mais ce premier chiffon n'était pas suffisant pour protéger la peau des brûlures. On enveloppait le tout dans un second linge. Mon grand-père disait embourrer (voir définition dans le Glossaire du site A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou). En général chez moi, il s'agissait de langes dont on enveloppait les jambes et le bas du corps des nourrissons.
Lors des grands froids, mon père versait dans une bassine un peu d'alcool à brûler. Il y jetait une allumette au moment où il nous entendait monter les escaliers. La flambée donnait une impression de tiédeur pendant une minute ou deux. Rétrospectivement, on peut s'étonner d'une telle pratique. Citons le risque d'incendie. Si la quantité d'alcool n'était pas grande la flamme pouvait s'élever à plus d'un mètre de hauteur. Deuxièmement, cela revenait à emplir, des gaz résiduels de la combustion, la chambre même où nous allions passer la nuit. Cette combustion dégage de la vapeur l'eau qui se condense sur les vitres et contribue à augmenter l'épaisseur de la glace. Ce dernier point n'était pas un inconvénient majeur.
La bassinoire est d'après le Petit Robert un mot dont l'origine remonte à 1454 qui désigne un
bassin à couvercle percé dans lequel on met de la braise et qu'un manche permet de promener dans un lit pour le réchauffer
Le risque d'incendie devait bien être aussi important avec la bassinoire qu'avec la flambée.
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Dernière modification : 2010-02-14 - 19:14:58
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